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12 février 2011 6 12 /02 /février /2011 18:34

 

Hello !

 

Juste une petite précision en ce qui concerne Twilight : sachez que je critique en connaissance de cause. C'était aussi un peu le but du défi (pas de critiquer hein,mais d'écrire un truc de vammpire aussi éloigné que possible des niaiseries habituelles). Enfin bref, j'ai lu et vu les films et je n'ai pas aimé, voilà. A part peut-être le 1 qui restait potable, j'ai trouvé ça très chiant. Mais bon, je critique pas ceux qui aime non plus. En fait, je m'en fous. Royal.

 

 

Sur ce, bonne lecture !

 

 

 

prince by hakueizm

 

Prince, Hakueizm (DA)

 

Chapitre 5

 

 

                C’est moi qui ressemble à un zombie maintenant.

                Ma salle de bain n’a rien de luxueux. Une cabine de douche où il vaut mieux ne pas être trop épais, un lavabo fendillé surplombé par un miroir nu, un petit placard où tiennent avec peine trois serviettes de bain et quelques produits d’hygiène élémentaires, et bien sur des toilettes, coincé derrière la porte blanche à la peinture craquelé. Nue devant la glace sale et de travers, je contemple ma silhouette, androgyne et sans charme, avec un certain désespoir. Je n’ai pas assez de poitrine pour remplir un bonnet A, des hanches étroites, des articulations marquées. Globalement, un corps de jeune garçon. Très classe. Ma peau est encore plus pâle que d’habitude, à cause du petit festin que s’est offert Axel hier, accentuant le contraste de mes courtes mèches d’un noir de jais qui déjà d’ordinaire me fait ressembler à une anémiée. Ils ont un peu poussé, suffisamment en tout cas pour que je puisse me faire une queue de cheval sommaire à la base de la nuque - je les coupe moi-même, d’où l’aspect chaotique de l’ensemble. Mes vêtements en général n’arrangent rien à mon aspect masculin, et on me prend souvent pour un mec quand on me voit sans regarder. Selon Mandy – ça vaut ce que ça vaut – on sait que je suis une fille à cause de mes yeux, bleus, dilués, qui interpellent tous ceux qui les croisent et mettent souvent les gens mal à l’aise, empêchant la majorité de soutenir mon regard. De mon avis, ils sont surtout dérangeants, déplacés sur mon visage étroit et banal. Sans eux, je passerais parfaitement inaperçue. Au lieu de ça, ma tête marque les esprits, en bien comme en mal, de ceux que je rencontre, et je trouve ça vraiment gênant. Mais aujourd’hui, ce ne sont pas mes yeux qui font l’objet d’un examen attentif dans le miroir, mais mon épaule. Ou plus précisément, les deux plaies nettes et rapproché qui trônent à la jonction entre la base de mon cou et mon bras gauche, jointes par un arc de cercle violacé, parfaitement assimilable aux marques de dents de nos amis les suceurs de sang dans les films d’horreur de seconde main. Je ne comprends pas pourquoi ils mordent à cet endroit, plutôt que directement dans la gorge où abondent le liquide vital. En tout cas, il ne m’a pas loupé.

                L’adolescent qui n’en est pas vraiment un dors toujours dans la pièce d’à côté, d’un sommeil agité, visiblement peuplé de rêves désagréables. J’ai essayé de le calmer un peu, mais comment apaiser quelqu’un qui est en plein cauchemar aussi ?

                Je me demande quel âge il a, en observant ses traits juvéniles et crispés pas un sommeil agité. Si ça se trouve c’est un vieux croulant qui a 200 ans de plus que moi, et il se retrouve perdu dans mon appart’, à se faire materner par une jeune handicapée sociale de 20 ans. C’est assez marrant en fait. Enfin non, pas vraiment, mais moi ça me fait rire.  Il remue un peu et finit par se redresser, secouant sa masse de larges boucles caramel qui lui descendent sur ses yeux qu’il peine à maintenir ouvert.

                « Bien dormi ? »

J’ai enfilé un jean trop large et un débardeur noir tout aussi peu ajusté, pour glander fièrement en cette fin de  samedi après-midi – nous avons dormi presque toute la journée. Lui porte toujours la gueule d’ange de Jim Morrison sur son torse.

                « Ça va…. Et toi ?

                -Pareil. »

Je mangerais bien une plâtrée de pâte et un steak haché bien cuit. Je me dirige tranquillement vers la kitchenette, je ne suis pas pressée après tout.

                « Stef’… tu es sûr que ça va ?

                -Bah ouais, ça va. On ne dirait pas comme ça, mais je suis plutôt coriace. Tu peux changer les draps ? »

Je remarque seulement qu’on a dormi sur la scène du crime encore fraîche. C’est glauque. Les tâches de sang sur mes draps bleus clairs, ça fait très scène de ménage qui a mal tourné, je trouve. Il manquerait plus qu’une femme avec la gorge ouverte caché dans le placard. Merde. Y’a pas de placard ici.

                « Non mais je veux dire… Enfin si, je vais le faire mais… Attends, tu n’es pas un peu… perturbée ? Enfin, je sais pas, je suis… Je suis un vampire quoi ! »

                Il n’a même pas l’air de croire ce qu’il dit. Moi non plus, en fait, enfin, je ne me suis pas posé la question.

                « Bah j’y peux rien moi, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Tu fais bien ce que tu veux, à part te servir dans mes réserves bien sûr. Le reste, je m’en fous royalement. »

                Pourquoi c’est si compliqué à comprendre ? Comment veut-il que je réagisse ? Je ne vais pas courir dans tous les sens en hurlant, je ne vais pas appeler les journaux, je ne vais pas tomber en pamoison devant sa nature vampirique.

                « Tu es sensé susciter une autre réaction ?

                -Au moins un minimum de surprise.

                -Je tombe des nues. Ça te va ? »

Je continue à me faire à manger, le laissant ruminer ses pensées sans intérêt. Il m’énerve.

                « Écoute, on va pas en faire une montagne non plus ! T’es un vampire, okay, c’est cool, j’ai pas envie de disserter là-dessus pendant des heures.

                -Tu es vraiment étrange.

                -Tu peux parler. »

L’atmosphère se détend enfin. C’est qu’il me donnerait mal à la tête avec ses préoccupations existentielles. L’eau boue. Je jette les petits tubes jaunâtres dans la casserole.

                « Bon, la prochaine fois que tu auras soif, préviens-moi avant, pas la peine de me faire la surprise au réveil. Tu devrais pouvoir tenir une semaine, non ? Le temps que je refasse mes stocks.

                -Attends… Tu veux me nourrir ?

                -Tu vois une autre solution ? Je ne tiens pas à ce que tu pètes un câble et que tu décimes la population de l’immeuble.

                -Mais enfin… tu… tu pourrais mourir où je sais pas, tu pourrais…

                -Devenir comme toi ? »

C’est apparemment LA perspective qu’il ne voulait pas formuler. Il me regarde, avec ses grands yeux verts d’eau, et toute sa maturité semble avoir déserté le bord : ne reste qu’un adolescent paumé, comme au premier jour, tellement perdu que même mon appartement minuscule semble trop grand pour lui.

                « T’inquiète, ce serait déjà fait non ? À moins que tu ne décides de me faire boire ton propre sang, je ne risque pas grand-chose, je crois, et puis franchement, qui s’en soucie…

                -Mandy. Les gens de ta famille. Non ? »

Je me raidis, suspend le geste de ma main qui remue ma pitance avec une cuillère en bois. C’était juste une formule. Je ne m’attendais pas à ce qu’il y réponde.

                « Le temps qu’ils l’apprennent, je serais déjà en décomposition dans une benne à ordure. Et Mandy… elle s’en remettra. Elle n’a pas que moi.

                -Pourquoi tu es aussi cynique ?

                -Occupes-toi de ton brushing et fous-moi la paix. »

Je deviens toujours désagréable quand je veux éviter un sujet de conversation. Il n’est pas dupe, et moi non plus, mais nous faisons comme si de rien n’était, et le silence reprend ses droits. Je touille mécaniquement mes pâtes, ajoute un peu de sel, me perd dans mes pensées.

                « Tu ne te souviens toujours de rien ? » je lance, pour effacer définitivement ce passage gênant, tandis qu’il s’emmêle dans une housse de couette propre.

                « Juste d’un manoir dans une forêt.

                -On continue les clichés.

                -Je sais, ça n’a rien d’original.

                -Bah, ça prouve que les histoires ont un fond de vérité, non ?

                -Sans doute.

                -Mais alors… ça veut dire que t’es mort ? »

J’ai pris un ton effaré, comme l’aurait fait Mandy, en montant dans les aigus, et j’ai fait volte-face pour qu’il voit ma tête incrédule, tellement atypique qu’il finit par éclater de rire et rentre dans mon jeu.

                « Et oui, je suis né en l’an 1512, je suis ton ancêtre !

                -N’importe quoi, t’es qu’un gamin, pas en âge de procréer.

                -Tu crois que les vampires peuvent avoir des enfants ?

                -Putain, j’en sais rien. En même temps, un cadavre… ça doit faire des enfants mort-nés. Comme dans Van Hellsing.

                -Ou des mecs surpuissants, genre Blade, et du coup c’est interdit. Même que y’a le conseil des anciens comme dans Underworld, et ils châtient ceux qui transgresse LA règle d’or.

                -Et les loups garous, ça existe alors ? C’est vos ennemis ou vos esclaves ?

                -Je sais pas. Peut-être qu’ils nous servent d’animaux domestiques.

                -Et y’a des chasseurs de vampire tu crois ?

                -Peut-être, genre Buffy Summers.

                -Blade, c’est plus classe. Quand est-ce que t’as vu tous ces films bidons toi ?

                -La nuit sur le câble.

                -Je suis pas sûr que tes petits camarades passent leur nuit à regarder des navets sur des chaînes piratées.

                -Quoi, tu ne payes pas d’abonnement ?

                -Tu m’as bien regardé ?

                -Et ils font quoi alors ?

                -Ils CHASSENT ! »

Et je délaisse les pâtes dans la passoire pour lui sauter dessus en rugissant. Pris par surprise, il s’effondre sur le lit en hurlant de rire.

                « Un vampire chatouilleux, c’est pas un peu ridicule franchement ?

                -Tais-toi ! Je suis invincible ! »

Et sur ces sages paroles, il empoigne l’oreiller le plus proche et me l’écrase sur la face.

                « Tu viens de signer ton arrêt de mort, démon !

                -Je ne crains personne ! »

Et les hostilités sont lancées. Je n’ai jamais autant ri en cinq ans. Les coussins et les draps volent en tous sens, et nous jouons comme des mômes en mettant sens dessus-dessous l’appartement.

                Au bout d’un moment, après que ce soit joué dans mon deux-pièces le remake de la seconde guerre mondiale, nous nous effondrons sur le matelas – qui a glissé sur le sol – en soupirant, exténué. Sans doute que quelques ressorts ont cédé dans la bataille.

                « C’est nul, tu n’as pas d’oreiller avec des plumes. On casse l’enchaînement des clichés, normalement, il y aurait dû avoir une avalanche de plume blanche dans toute la pièce.

                -Désolé de ne pas être équipée pour le cinéma. »

Cette sensation est étrange. Dérangeante. Inhabituelle. Mais ce n’est pas désagréable. C’est juste que… retomber en enfance, rire aux éclats, se battre, cela ravive des souvenirs anciens. Et mon bon vieux sentiment de culpabilité. Mon sourire se dissout comme neige au soleil. Son visage à lui semble s’éclairer de l’intérieur quand il rit.

                « Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as l’air sombre tout à coup.

                -Tu n’aurais pas des dons télépathiques cachés toi par hasard ?

                -Comme Edward dans Twilight ?

                -Je t’en prie, pas de blasphème dans ma demeure.

                -T’es bête. »

Il me donne une tape sur l’épaule, mimant une réprimande.

                « Je ne lis pas tes pensées si c’est ce que tu veux  savoir, mais je perçois tes sentiments, en quelque sorte. 

                -Ah. Tu es Jasper donc.      

                -Ça va, c’est pas le pire. Et toi tu es qui ? Bella ? »

Cette fois, c’est à moi de le taper avec énergie.

                « Tu m’insultes ! »

Nous rions encore un peu, mais la magie du moment  a disparu.

                « Tu es vraiment comme Jasper. Je suis sûre que tu manipules mes sentiments.

                -Pourquoi ?

                -Si c’était pas le cas, je ne t’aurais jamais recueilli, et ce qui vient de se produire ne serait jamais arrivé.

                -C’est inconscient alors, je t’assure. »

Je crois qu’il est blessé par mes accusations. Je lui ébouriffe les cheveux avec… affection. Je ne suis vraiment pas dans mon état normal.               

                « Ne t’en fait pas va. Ce n’est pas si mal.

                -Je ne suis pas comme Jasper d’abord, je ne suis même pas blond. »

Je rêve… il boude ?

                « Tu es vexé ?

                -Non.

                -Si t’es vexé.

                -Non je te dis.

                -Alors là, tu ne me feras pas croire que tu as plus de mille ans. »

Il se déride un peu. Sans que je ne me l’explique, je ne veux pas qu’il soit triste. Est-ce que c’est encore lui qui provoque cela ? Bah, au fond, qu’est-ce que ça change ? Les draps propres sente bon la lessive du Lavomatic, il fait chaud, je me sens bien, en sécurité, apte à démarrer une conversation moins joyeuse.

                « Au fait, Ax… Puisqu’on est dans les discussions qui fâchent… qu’est-ce qu’il se passera, quand tu auras retrouvé ta mémoire ?

                -Comment ça ?

                -Et bien, si on suit notre série de cliché, tu es probablement un type super important, genre un  prince ou un truc du genre. Déjà, pour les besoins du scénario de film bidon, on est sensé tombé amoureux, et après tu retrouves ta mémoire, et là, soit tu restes avec moi parce que tu m’aimes très fort, soit je deviens une vamp’ et on est super heureux.

                -Je doute que ça se passe comme ça…

                - Bah, déjà, on ne va pas tomber amoureux.

                -Ça, c’est clair… »

C’est étrange que ça nous semble être une telle évidence à tous les deux. Est-ce le moment de nous séparer enfin du scénario bancal et stéréotypé de notre histoire sordide ?

                « Le truc, c’est que moi, je vois les choses en beaucoup plus glauque. Genre tu redeviens le monstre insensible que tu étais avant de jouer à amour et amnésie et tu me saignes sans état d’âme.

                -Ou alors je me barre sans même t’accorder un regard parce que tu n’es, en fait, qu’une humaine à mépriser, c’est ça ?

                -Un truc du genre.

                -Et ça te fait peur ?

                -Je ne veux pas mourir. »

Nous arrivons dans une impasse. On ne peut pas prédire ce qui va arriver. Il peut bien dire ce qu’il veut maintenant, si sa vraie personnalité reprend le dessus, il n’aura peut-être plus aucune raison d’honorer les promesses qu’il pourrait me faire. Je dois sans doute me préparer à cette éventualité. Je me relève, retournant à la confection de mon repas comme si de rien était. En fait, je veux surtout être dos à lui, parce que je lâche, sans vraiment l’avoir voulu :

                « Et puis je t’aime bien, Ax.

                -Tu n’as pas peur que ce soit moi qui t’imposes ces sentiments ?

                -Qu’est-ce que ça change ? Je le ressens comme ça, c’est tout, que ce soit artificiel ou naturel, je t’aime bien.

                -Moi aussi je t’aime bien Stef’. Je suis content que ce soit toi qui m’as trouvé. »

Au moins me restera-t-il des souvenirs heureux si un jour il disparait de ma vie. Et peut-être que quand cessera son influence sur mon esprit, moi aussi, je me rendrais compte que cette histoire était ridicule et que je le déteste.

 

O

 

                Au bout de quelques semaines, je me suis finalement habituée à une autre présence à côté de moi. Les choses se sont mises en place naturellement, sans qu’on y pense. Je lui donne de mon sang, toutes les semaines, pour que sa soif s’apaise. Je sens bien qu’il n’en a pas assez pour être vraiment en pleine possession de ses moyens, mais je ne peux pas lui donner plus. Il se sert sur mes poignets, l’un puis l’autre la semaine suivante, de sorte qu’ils ont à peine le temps de cicatrisé, m’obligeant à porter des bracelets en cuir comme une jeune sataniste pratiquant la scarification. Très classe. Et puis, j’explose la facture d’électricité à toujours devoir allumer la lumière et fermer les volets – bon, je ne paie pas grand chose, mais tout de même.

                Le mois d’octobre vient de s’achever avec ce énième vendredi soir où il se repait d’hémoglobine au creux de l’attache de ma main. Les températures ont chuté, mon petit chauffage électrique peine à maintenir l’air ambiant à une chaleur confortable. Mais bon, j’y suis habitué, et lui n’a pas l’air de souffrit du froid – chanceux.

                « Ça me fait penser à Tsubasa.

                -De quoi ?

                -T’en mets partout, Axel »

Il s’essuie la bouche, toujours un peu gêné par cette situation, tandis que je bande à nouveau mon poignet meurtri tout en continuant.

                « C’est un manga que j’ai lu. De Clamp. En fait, l’un des personnages est sur le point de mourir, et l’autre décide de le sauver en le faisant transformer en vampire par un autre type, et en devenant son garde-manger exclusif. Après, il le nourrit comme ça. 

                -Je me demande si tout le monde a le même goût.

                -Tu ne veux toujours pas sortir ? »

Il secoue la tête en signe de négation. Je n’ai pas encore pu le convaincre de mettre un peu le nez dehors pendant la nuit. Il ne veut pas sortir. Il se rappelle de certaines choses parfois, principalement des images, des visages et des lieux, mais il ne veut pas que je l’emmène voir dehors si il reconnaît quelque chose. On dirait qu’il a peur de se souvenir. Je ne peux pas le forcer.

                « Dans Underworld aussi ils font ça. La fille elle lui file du sang parce qu’il se laisse crever.

                -Le deux est passé à la télé ?

                -Ouaip. Jeudi. »

Il passe toujours ses nuits devant le petit écran, et j’ai renoncé à l’en décoller. Mandy me presse de question sur son compte et est passé une ou deux fois en soirée pour l’étudier un peu. Elle me semble curieusement supportable, ces derniers temps. Et, oh surprise, ils se sont parfaitement bien entendu, au point qu’il me demande de l’inviter plus souvent. Mon regard a été suffisamment éloquent pour qu’il abandonne l’idée.

                La sonnerie de l’entrée brise le silence de la pièce, égrène des notes artificielles, un couinement insupportable qui nous fait grimacer.

                « Attends, je vais ouvrir. »

                La liste des gens qui viennent me rendre visite chez moi n’est pas spécialement étendue. En fait, elle se résume à quatre noms : Mandy, le voisin d’à côté quand il vient se plaindre du bruit, ce qui est récurrent et absolument pas relatif au niveau sonore que je peux bien émettre, le communiste du quatrième et ses tracts gênantes, et le fils du propriétaire, qui vient me porter des messages pour son père et qui utilise, je pense, ce prétexte pour me rendre visite – il craque un peu sur moi. En tout cas, pas de surprise.

                Aussi, quand j’ai ouvert ma porte d’appartement peinte en rouge – toutes les portes de l’immeuble ont une couleur différente – je n’étais pas du tout préparée à une péripétie pareille.

                Un adolescent aux cheveux noirs – comme les miens – très courts, une silhouette longiligne et anguleuse – comme la mienne – et bien sûr ces putains d’yeux bleus, présentement écarquillé de surprise – comme les miens – et qui commencent doucement à s’embuer de larme – pas comme les miens par contre. Deux tête de piques de chaque côté de la lèvre inférieur – quand est-ce que cette petite nature a bien pu se faire percer ? Des fringues trop grandes, un sac à dos usé pendu sur une épaule, un sac de voyage dans l’autre main. Revenu dans ma vie de manière aussi improbable qu’Axel y est entré.

                « Stef’… »

Il me saute dans les bras avant que je n’ai pu esquisser un geste, je ne sais pas vraiment si il pleure ou si il rit, ou si il fait les deux.

                « Tiphaine… tu… »

Les questions se bousculent et débordent mais je suis incapable d’en formuler une seule. Je serre dans mes bras, après cinq ans de séparation, le plus jeune de mes frères.

 


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commentaires

L
<br /> Aaah ! La fin ! Déjà ! Bon Dieu, j'ai pas vu les chapitres passer, moi...<br /> J'ai trouvé ça... triste. Extraordinairement triste. Malgré qu'on ne puisse pas la qualifier de 'bad end'<br /> Diantre...<br /> J'en reviens pas.<br /> (j'men remettrai, mais tout de même...)<br /> Maintenant... A quand une autre histoire ??? :)<br /> Bonne continuation, en tout cas.<br /> J'espère te re-lire bientôt.<br /> <br /> <br />
I
<br /> <br /> En fait on crorais que c'est pas une mauvaise fin mais quand on y réfléchit... bah un peu quand même.<br /> <br /> <br /> J'espère bien que tu t'en remettre, quand même, je m'en voudrais...<br /> <br /> <br /> La prochaine... un de ces quatre. Si je suis VRAIMENT motivé, avant la fin de mes vacances, sinon...arg, j'ose même pas imaginer.<br /> <br /> <br /> Merci à toi ! A bientôt<br /> <br /> <br /> <br />